Quand Howard Carter ouvre la tombe de Toutankhamon, en 1922, il s’attend à bien des trésors, mais pas à… une collection de 47 paires de sandales en or, en bois marqueté de nacre, en cuir ou en papyrus. Certaines ont des captifs entravés peints sur la semelle, pour que le souverain piétine ses ennemis à chaque pas ! Depuis – 4000, les pharaons portent au pied ces symboles de leur rang social. Mais c’est au Japon qu’il faut chercher l’origine de la tong.
Dès le VIIIe siècle, on chausse des zori, en paille de riz tressée. Au XXe siècle apparaîtra la geta, une évolution sur patin de bois de 10cm de haut. Les modèles en caoutchouc apparaissent à Kobe dans les années 1930. Des entreprises comme Mitsubishi développent la production après la Seconde Guerre mondiale.
Ce sont les Américains qui, découvrant la sandale lors du conflit en Corée, la surnomment thong ("lanière"). Lorsque la première version tout en plastique apparaît sur les plages françaises, dans les années 1960, elle est déjà portée quotidiennement par les classes populaires de nombreux pays tropicaux. L’entreprise brésilienne Alpargatas met au point une tong 100 % caoutchouc inspirée de la zori. Nous sommes en 1962 et ce sont les prémices du phénomène Havaianas. La marque détient 80 % de part de marché au Brésil et possède 550 magasins dans une centaine de pays. Résultat : elle vend en moyenne sept paires par seconde ! Si le leader Havaianas privilégie un alliage de caoutchouc à la formule secrète, la plupart, fabriquées en Asie, sont en thermoplastique : PVC (poluchlorure de vinyle) ou EVA (éthylène-acétate de vinyle).
La bride est généralement moulée à part et ajoutée à la main. La semelle en plastique est découpée à l’emporte-pièce dans des plaques de mousse. Si elle est en caoutchouc, elle doit refroidir pendant trois jours à la sortie du moule pour éviter les déformations. Les motifs peuvent être imprimés à l’aide de pochoirs en tissu (s’il y a moins de trois couleurs) ou par transfert avec une presse à chaud.
Un microbiologiste new-yorkais a demandé aux membres de son équipe de porter des tongs en ville pendant quatre jours. Résultat : 18 100 bactéries plus ou moins pathogènes sur les semelles, dont le terrible staphylocoque doré ! Les podologues ne sont pas fans non plus, pointant tendinites (les orteils sont crispés), affaissement de la voûte plantaire et entorses à gogo. Enfin, au volant, c’est un vrai danger public : le pied met deux fois plus de temps qu’avec une chaussure pour passer de l’accélérateur au frein.
Ça peut aussi vous intéresser :
⋙ Est-ce utile de porter des chaussures dans la mer ?
2023-06-03T17:02:43Z dg43tfdfdgfd