BIEN-êTRE ANIMAL : VERS UN LABEL FAçON NUTRI-SCORE ? TROIS QUESTIONS SUR CE PROJET

L’Agence de sécurité sanitaire préconise la mise en place d’un étiquetage sur le modèle du Nutri-Score, pour évaluer les produits selon le respect du bien-être animal. Avec des critères précis.

Comment savoir si la cuisse de poulet achetée au supermarché est issue d’un élevage respectant des critères de bien-être animal ? Pour que le consommateur puisse avoir accès à cette information, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié un avis. Elle propose des lignes directrices pour élaborer un étiquetage des produits d’origine animale spécifique au bien-être des animaux d’élevage.

Si des étiquetages existent déjà dans les différents pays de l’Union européenne (UE), les critères retenus varient énormément. Alors que l’UE envisageait la création d’un étiquetage harmonisé, l’Anses s’est autosaisie de la question.

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1. Quelle forme prendrait cet étiquetage ?

Elle propose la mise en place d’une classification, de A à E, sur le modèle du Nutri-Score, qui évalue la valeur nutritionnelle. Et pour l’Anses, l’évaluation doit porter en priorité sur « l’état de bien-être de l’animal ». L’agence préconise en effet de s’intéresser aux conditions d’élevage, mais d’étudier également les bêtes elles-mêmes.

« Un élevage de poules pondeuses peut disposer de perchoirs, mais si les poules ne les utilisent pas parce qu’ils ne sont pas adaptés, cela ne contribuera pas à leur bien-être », explique Julie Chiron, coordinatrice d’expertise à l’Anses.

2. Quels critères seraient pris en compte ?

Huit facteurs sont à prendre en compte selon l’Anses : les caractéristiques génétiques, les techniques d’élevage, les pratiques et la formation de l’éleveur, l’hébergement, l’alimentation, les démarches pour assurer la bonne santé des animaux, la limitation du recours à des pratiques douloureuses, la reproduction, le transport et l’abattage.

Avec, à chaque fois, un protocole d’évaluation reposant sur des critères scientifiques. « Pour l’alimentation, les critères proposés sont à la fois que l’animal dispose d’une nourriture facilement accessible et adaptée à son espèce et son âge, mais aussi qu’il puisse satisfaire ses besoins comportementaux, comme le broutage pour les ruminants, ou le picotage et le grattage pour les volailles ».

Autre préconisation forte : « tenir compte des conditions de vie des animaux producteurs de denrées alimentaires mais aussi de celles de leurs ascendants », c’est-à-dire scruter aussi les élevages spécialisés dans la génétique et la reproduction.

3. Qu’en pensent les associations de défense des animaux ?

La directrice de l’association de défense des animaux L214, Brigitte Gothière, doute de l’efficacité d’un tel dispositif : « La priorité, c’est d’imposer des changements de pratiques de l’élevage intensif. L’étiquetage fait seulement reposer les choses sur le consommateur ».

Les propositions de l’Anses vont au contraire « dans le bon sens » selon Aurélia Warin, directrice de l’association « Étiquette bien-être animal ». Née il y a cinq ans, cette dernière a lancé le premier étiquetage de France sur la question, un travail commun entre producteurs, acteurs de la distribution et ONG. Aujourd’hui, 40 % des éleveurs de poulets de chair adhèrent à la démarche, qui se poursuit sur le porc et les poules pondeuses.

« Cette information est attendue par les consommateurs, estime Aurélia Warin. Les éleveurs, abatteurs et transformateurs avec qui nous travaillons le comprennent très bien ». Concrètement, l’étiquette mise en place par l’association nécessite un audit une fois par an dans les élevages. « On fait en sorte que ce ne soit pas trop lourd, et généralement c’est l’occasion de sensibiliser l’éleveur sur ce qui peut faire ».

Reste à voir si le rapport de l’Anses aura de véritables répercussions, et si le ministère de l’Agriculture, plutôt favorable à un étiquetage basé sur le volontariat (comme c’est le cas pour le Nutri-Score), généralisera à l’avenir ce « Nutri-Score du bien-être animal ». Pour l’Agence sanitaire, ce référentiel devra en tout cas « être décliné pour chaque filière ou catégorie d’animaux, et coconstruit avec les différents acteurs ».

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